viernes, 24 de abril de 2015



Philippe Jaccottet  ― “La lechuza”

(Spanish - French)

La noche es una gran ciudad dormida
donde sopla el viento... Llegó de lejos hasta
el asilo de este lecho. Es junio, y medianoche.
Tú duermes, me han llevado a estos bordes infinitos,
el viento mueve el avellano. Esta llamada
se acerca y se retira, diríamos que es
un destello huyendo entre los bosques, o bien
las sombras que giran, se dice, en los infiernos.
(De esta llamada, cuántas cosas podría decir
en la noche de estío, y de tus ojos...) Pero no es
sino la lechuza, ese pájaro, llamándonos desde el fondo
de estos bosques de suburbio. Y ya nuestro olor
es el de la podredumbre al alba,
ya bajo nuestra cálida piel apunta el hueso,
mientras se apagan los astros en todas las esquinas.

∞ ∞ ∞

Poema original en francés:

La nuit est une grande cité endormie
où le vent souffle... Il est venu de loin jusqu'à
l'asile de ce lit. C'est la minuit de juin.
Tu dors, on m'a mené sur ces bords infinis,
le vent secoue le noisetier. Vient cet appel
qui se rapproche et se retire, on jurerait
une lueur fuyant à travers bois, ou bien
les ombres qui tournoient, dit-on, dans les enfers.
(Cet appel dans la nuit d'été, combien de choses
j'en pourrais dire, et de tes yeux...) Mais ce n'est que
l'oiseau nommé l'effraie, qui nous appelle au fond
de ces bois de banlieue. Et déjà notre odeur
est celle de la pourriture au petit jour,
déjà sous notre peau si chaude perce l'os,
tandis que sombrent les étoiles au coin des rues.

(in L'effraie - 1946-1950)

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